F. Venner répond à Primo-Europe / C. Fourest à Proche-Orient.Info
Primo-Europe : Fiammetta Venner*, bonjour. Votre parcours de politologue vous a amenée à vous intéresser aux extrémismes religieux et politiques. Vous avez même infiltré le service de sécurité du Front national dans les années 1990, le DPS, pour mieux en connaître les rouages. Vous avez subi des menaces à la suite de vos enquêtes sur les anti-avortement. Vous avez été, avec votre collègue, Caroline Fourest, menacée physiquement lors de votre participation à une conférence à l’Institut du Monde Arabe à laquelle participaient des islamistes, le 31 mars 2004. Êtes-vous suicidaire ?
Fiammetta Venner : … (Sourires)… Je ne crois pas. Mais travailler sur les radicalismes politiques et religieux comporte assurément des risques. Des risques que l’on doit prendre si l’on tient au maintien des libertés individuelles. Le danger ne vient pas toujours de là où on l’imagine. Dans le cas de l’extrême droite française, je n’ai pas été menacée par les groupes les plus violents, comme les skinheads, sur lesquels j’ai travaillé, mais par les sympathisants d’une députée intégriste. De même, dans le cadre de mon travail sur l’intégrisme musulman, le plus inquiétant pour une intellectuelle ne vient pas de groupes ultra-radicaux comme les salafistes mais plutôt des islamistes bon teint, militant avec des progressistes. Ils sont capables d’un degré de propagande, d’entrisme et de mauvaise foi assez usant.
P-E : Les théoriciens de l’extrême droite, à l’instar d’un Maurras dans les années 1930, semblent avoir disparu. Les intellectuels capables de créer une vraie idéologie d’extrême-droite n’existent plus. L’extrême-droite représente-t-elle encore un danger pour la stabilité des sociétés européennes, comparée à la menace islamiste plus ou moins soutenue par les idéologies altermondialistes et d’extrême gauche?
F.V : Je ne dirais pas cela. Il reste de grands théoriciens d’extrême droite. Une école de pensée comme la Nouvelle droite ou l’Action française (AF) ont largement diffusé leurs concepts dans la société. Lors des débats sur le PaCS, les députés les plus vifs étaient des anciens de l’AF. Pendant le référendum, on a beaucoup entendu parler de « pays légal » contre « pays réel » Chez les intégristes chrétiens, on trouve encore un Jean Madiran qui a théorisé la mise en cause de Vatican II. Son influence théorique et politique sur l’extrême droite française mais aussi nord-américaine est importante. Ratzinger, qui est un sous-produit de l’opposition à Vatican II, le cite régulièrement. Ce qui n’est pas un bon présage.
La montée en puissance du danger islamiste ne doit pas faire penser que l’extrême droite est un vieux démon. Au contraire, elle gagne sur tous les tableaux en ce moment. Sa branche antisémite se défoule grâce à la cause palestinienne, notamment des proches d’Unité Radicale. Beaucoup de ces groupes, déçus par l’institutionnalisation du FN, se recyclent dans la profanation de cimetières juifs et mettent de l’huile sur le feu des tensions intercommunautaires. A l’inverse, une branche proche du FN plus raciste envers les Arabes qu’envers les Juifs se régalent sans doute des amalgames musulmans = terroristes.
L’extrême–droite n’a pas encore choisi qui sera son allié dans cette histoire mais des liens existent déjà entre intégristes chrétiens et intégristes musulmans. Ils sont soudés à la fois par la haine des Juifs et par la haine de la laïcité. Leurs agendas politiques avancent en même temps. Si bien que la montée en puissance de tensions communautaires, leur radicalisation, ne signifie absolument pas que le Front national ne risque plus de pouvoir jouer les arbitres… Pas forcément suite à une prise de pouvoir - encore que ! - mais par la diffusion de ces idées. Et de ces méthodes. D’une façon générale, que ce soit au sujet de l’extrême droite ou au sujet de l’islamisme, je ne mesure jamais la dangerosité en fonction de la capacité à prendre le pouvoir mais en fonction de son impact social. Ce qui m’intéresse et me préoccupe, c’est la diffusion des concepts intégristes dans le débat d’idées. Ce danger là est immédiat et bien réel.
P-E : Quel regard portez-vous sur la façon dont le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) a été créé ? Comment expliquez-vous la précipitation de Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur lors de sa création, à intégrer l’UOIF** dans ce CFCM ?
F.V : Depuis Joxe (le premier à avoir voulu organiser le culte musulman en France), tous les ministres de l'Intérieur qui se sont succédé ont trouvé sur leur bureau un épais dossier concernant la nécessité de créer un organe permettant d'encadrer le culte musulman en France. Jean-Pierre Chevènement est allé jusqu'à créer la Comor (Consultation du culte musulman) en octobre 1999. Mais tous ont hésité à aller au-delà. Car tous se sont aperçus, à un moment ou à un autre, qu'ils risquaient de légitimer les courants les plus radicaux et néanmoins incontournables du culte musulman français.
Animé du zèle qu'on lui connaît, Sarkozy n'a pas eu les mêmes scrupules. Il a donc permis la reconnaissance nationale de l'UOIF en l'intronisant par la grande porte : celle du CFCM. Pourtant de nombreux musulmans libéraux lui ont fait part de leurs inquiétudes. Bethoule Fekkar Lambiotte lui a même remis sa démission. Avec ce mot : « Je ne peux pas accepter pour la France ce que j'ai combattu de toutes mes forces en Algérie ». Sarkozy n’a rien voulu entendre. Parce qu’il voulait aller plus vite et réussir là où tout le monde avait échoué. Le problème, c’est que dès le lendemain, pour défendre son bilan, il a mis toute son énergie à empêcher que l’on stigmatise l’UOIF. Dans son livre contre la loi de 1905, (La République, les religions, l’espérance) écrit avec Thibault Collin, membre de la très réactionnaire Fondation de service politique (Opus Dei), il explique que l’UOIF est juste « un peu orthodoxe ». Cet euphémisme, martelé dans tous les médias, est destiné à protéger son bilan et entre dans le cadre de son pari clientéliste. Il mise sur la religion — en l’occurrence sur des prédicateurs intégristes — pour faire baisser la délinquance… Sans voir que déléguer le lien social à ces prédicateurs entretient un feu autrement plus dangereux : la haine. Il pense qu’en intégrant l’UOIF, ils allaient se "notabiliser", se modérer. Mon enquête montre qu’au contraire ils n’ont jamais rien cédé. On ne peut en dire autant de l’Etat, ni des musulmans libéraux et laïques, obligés de composer — par l’Etat — avec des intégristes qui veulent la mort de l’islam laïque.
P-E : En quoi l’UOIF est-elle dangereuse ? Quels sont ses fondements doctrinaires ? Avez-vous accumulé des preuves d’un projet anti-républicain à l’UOIF ? Quels liens idéologiques y a-t-il entre l’UOIF et le terrorisme international ?
F.V : L’UOIF a été créée par des Frères Musulmans, la matrice idéologique à l’origine de l’islam fondamentaliste et radical partout dans le monde. Elle est encore dirigée par des Frères Musulmans. Son institut de formation diffuse la pensée des Frères Musulmans. Sa doctrine est constituée par les fatwas émises par le Conseil européen de la fatwa, mise en place par l’UOIF et dirigé par Youssef al-Qaradhawi. Prédicateur de charme de la chaîne Al-Jazira, il a décliné l’offre que lui ont fait les Frères Musulmans d’être leur guide suprême, parce qu’il se sentait plus utile en Europe. Dans ses livres, vendus au Bourget, il explique comment battre sa femme. A propos des homosexuels, il se demande qui il faut tuer en premier: l’actif ou le passif ? Interdit de séjour aux Etats-Unis pour sa proximité avec des organisations terroristes, il est le seul théologien d’importance à avoir publié une Fatwa justifiant les attentats kamikazes… dans le cadre du Conseil européen de la Fatwa de l’UOIF !
Le Hamas, la branche armée des Frères Musulmans en Palestine, s’en revendique pour mener ses opérations suicides. Et pourtant, malgré tout cela, c’est vers lui que les Américains se tournent aujourd’hui quand ils cherchent une alternative à soutenir au Moyen-Orient.
Plusieurs "think tanks" proches de l’administration Bush conseillent aujourd’hui de miser sur les Frères Musulmans. Ce qui serait une catastrophe, pour le monde, pour les Juifs, pour le Proche-Orient. Mais comme Nicolas Sarkozy, les Américains semblent croire qu’ils peuvent contrôler un mouvement qui rêve, depuis les années 30, de bâtir un empire totalitaire.
P-E : A-t-on les moyens de connaître le pourcentage de musulmans français qui adhèrent aux thèses de l’UOIF ? La parole de l’UOIF n’est-elle pas hypertrophiée par rapport à sa représentation populaire ?
F.V : A son arrivée au ministère de l’intérieur, Dominique de Villepin a rappelé qu’il y avait en France 3,5 millions de personnes potentiellement musulmanes. Sur cette population : 5 à 10% sont pratiquants. Parmi eux, une infime minorité est intégriste. Combien ? Au moins dix fois moins que les chiffres revendiqués par l’UOIF. L’organisation, qui n’a aucun scrupule à gonfler ses chiffres pour se donner de l’importance, prétend représenter 200 associations et attirer 130 000 personnes à son congrès annuel.
Ces chiffres sont faux : sur 200 associations annoncées, seule 47 sont réellement en activité et généralement de façon assez groupusculaire. Malgré des statuts qui les y obligent, la plupart ne se sont pas réunies depuis les années 1990. Quant au Bourget, il n’est mathématiquement pas possible qu’il réunisse plus de 15 000 personnes. L’UOIF annonce régulièrement des chiffres de plus en plus importants, que reprend la presse, sans s’apercevoir que ces chiffres sont donnés par l’organisation avant le congrès en question et de façon purement spéculative…
Quand vous comparez les images du Sarko-show (40 000 présents dans cette même salle du Bourget) à celle du congrès de l’UOIF le jour où Sarkozy est venu, vous vous apercevez qu’il y a au moins deux fois moins de monde au congrès de l’UOIF… C’est-à-dire forcément moins de 20 000. D’ailleurs le journal de la rencontre, édité par l’organisation et offert aux participants, est imprimé à 15 000 exemplaires. Ce n’est pas énorme même si c’est spectaculaire.
P-E : Tout compte fait, n’assiste-t-on pas, pour l’UOIF, un peu au même phénomène qu’a représenté l’émergence d’un Front National instrumentalisé par Mitterrand dans les années 1980 ?
F.V : La comparaison est assez valide. Dans les années 1980, alors que le Front National était un parti ultra minoritaire, Mitterrand a fait ouvrir les micros au FN pour des raisons de stratégie politicienne et notamment dans le but de diviser la droite. Une fois le FN sur tous les écrans, la société civile a dû se mobiliser et entreprendre un énorme travail de déconstruction pour que ce parti ne ravage pas le débat politique et arrive en tête à une élection présidentielle. Avant d’être adoubée par Nicolas Sarkozy, l’UOIF n’existait pas médiatiquement parlant. Après le CFCM, les porte-paroles de l’UOIF sont sur tous les plateaux et les médias s’adressent à eux comme aux représentants de la communauté musulmane. Il faut donc espérer que la société civile soit efficace. Mais avons-nous aujourd’hui une société civile aussi structurée et aussi unie face au danger populiste qu’il y a quinze ans ?
P-E : Vous avez étudié tous les intégrismes religieux. Vous avez démontré leurs convergences d’intérêt. Il y a, cependant, une différence entre l’intégrisme musulman et l’intégrisme juif, au moins au plan de l’intrusion dans le politique et de la menace de l’équilibre mondial. Qu’en pensez-vous ?
F.V : Le but de Tirs croisés - La Laïcité à l’épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman, était d’identifier quels facteurs pouvaient expliquer ou non le surcroît de dangerosité de l’intégrisme musulman. Fallait-il chercher la réponse dans la nature de la religion ou dans le contexte géopolitique, dans les contre-pouvoirs qui lui font ou non barrage ? Seule une comparaison permettait d’y voir clair. Au niveau des discours, des projets de société et des intentions, les intégrismes se valent. Mais leur impact est incontestablement différent, ne serait-ce que parce que l’intégrisme musulman évolue dans un nombre élevé de pays où il n’existe pas de séparation entre le politique et le religieux. Aussi parce que le projet politique islamiste est aujourd’hui le seul à pouvoir transcender les clivages et relier depuis l’extrême droite jusqu’à l’extrême gauche grâce à la haine anti-Juifs. Mais encore une fois, cela ne veut pas dire que leur montée en puissance n’est pas convergente avec celle de l’intégrisme chrétien et juif, notamment lorsqu’il contribue à bloquer l’évacuation de colonies. Ce sont des feux qui s’attisent.
P-E : On a l’impression d’une certaine passivité et d’un certain fatalisme de l’opinion devant ce bouleversement que représente la pénétration de l’islamisme dans nos sociétés. Croyez-vous en une réaction salutaire de rejet de l’islamisme de la part des peuples européens, mais aussi du monde arabe ?
F.V : Je suis totalement persuadée que le salut viendra du monde musulman (arabe ou non). Regardez par exemple en Algérie. Lors du dernier tremblement de terre, les islamistes ont essayé de prospérer sur la faillite du gouvernement. Mais les associations de femmes ont pris le relais. Et les intégristes ont fait leurs valises. Aujourd’hui, la société civile iranienne est vivante, la contestation affleure et l’athéisme y est répandu. Ca prendra du temps, mais les sociétés du monde arabe sont en train de rejeter l’intégrisme. Il perdra… Sauf bien sûr si, entre-temps, l’Europe, notamment certains de ses mouvements sociaux, succombent à la tentation de s’allier avec les islamistes pour déstabiliser l’ordre mondial et libéral. Et que, pendant ce temps, pour des raisons diamétralement opposées, l’administration américaine mise sur les Frères Musulmans en pensant éteindre un incendie qu’ils ne contrôlent plus en Irak. Ce qui reviendrait à demander à un pyromane d’éteindre le feu. Si toutes ces braises-là sont alimentées, je ne vois pas qui pourra arrêter l’islamisme.
P-E : Comment vous sentez-vous au sein de la rédaction de Charlie Hebdo ? Je ne pense pas à Philippe Val, dont les éditoriaux sont très équilibrés. Je pense à la cohabitation avec un dessinateur-éditorialiste comme Siné, qui semble complètement sourd à la menace islamiste, qui établit une symétrie parfaite entre les intégristes juifs et musulmans, qui militait pour le vote Euro-Palestine…
F.V : Je me sens très bien à Charlie Hebdo. C’est un lieu qui offre une liberté de parole et d’enquête rarissime, d’autant plus important qu’il touche directement les mouvements sociaux capables de faire barrage, ou non, à l’intégrisme. J’étais pigiste pour le journal il y neuf ans, mais je suis partie à la suite d’un texte particulièrement homophobe commis par Siné. Aujourd’hui, j’ai décidé que ce journal était autant le sien que le mien et que celui de la gauche que j’aime. Et j’en ai chaque jour la preuve. D’ailleurs Charlie est peut-être le seul journal dont les ventes augmentent, ce qui prouve qu’il est plus que jamais en phase avec son public.
Interview réalisée le 20 juin 2005 par Jean-Pierre Chemla © Primo-Europe
* Co-auteure avec Caroline Fourest de Tirs croisés- La Laïcité à l’épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman.
Auteure de OPA sur l'islam de France: les ambitions de l'UOIF .
** UOIF: Union des Organisations Islamiques de France. Elle est le relais français des Frères Musulmans, organisation islamiste radicale, créée en 1928 par Abd el-Rahman el-Banna, un instituteur égyptien. L'objectif des Frères Musulmans est la consolidation de la présence islamique dans les pays musulmans. Ainsi, ils s'affrontent souvent violemment avec les gouvernements des pays laïcs où ils opèrent, comme l'Egypte, la Libye, la Syrie, la Tunisie.
In http://www.primo-europe.org/interview.php?numdoc=In-887080168
Entre autres ouvrages, F. Venner est l'auteure des essais :
- L'Opposition à l'avortement, du lobby au commando (Berg, 1995)
- L'Extrême droite et les femmes (avec Claudie Lesselier, Golias, 1997)
TIRS CROISÉS / PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR
Revue de presse de "Tirs Croisés"
• Charlie Hebdo (22/10/03) : Le vol noir des corbeaux par Gérard Biard.
• Les Inrockuptibles (22/10/03) par Jade Lindgaard.
• Le Figaro (7/11/03) :Il y a une alliance objective des intégristes entre eux. Interview de Fiammetta Venner par Cécilia Gabizon.
• Libération (17/11/03) : Ne pas confondre islamophobes et laïques.
• Libération (20/6/03) : Le voile fausse l'égalité des chances.
• Les Inrockuptibles (12/11/03) : La laïcité sous les tirs croisés des intégrismes. Entretien avec Caroline Fourest.
• El Watan (17/11/03) : La laïcité face aux monothéismes par Nadjia Bouzeghrane. (Quotidien algérien.)
• Livres Hebdo (21/11/03) : Laïcité : du vent dans le voile.
• L'Express (4/12/03) : Qui parle d'islamophobie ? par Eric Conan
• L'Express (12/12/03) : Les intégristes sont parmi nous par Stéphane Renard
• O Globo (14/12/03) : Choque Fundamentalista par Deborah Berlinck. (Tiré à 266 000 exemplaires O Globo est le principal quotidien populaire de Rio).
• Marianne (15/12/03) : Caroline Fourest et Fiammetta Venner débusquent les inquisiteurs par Laurent Neumann
• Tohu Bohu (le journal de l'UEJF, décembre 2003)
• L'enseignant (nov/dec 03) : La laïcité et les libertés.
• Illico (11/12/03) : Quand l'intégrisme religieux menace les homos par Jean-François Laforgerie
• Le Canard enchaïné (24/12/03). Dieu réunit les intégristes par Alain Guédé.
• L'Humanité (22/12/03). Laïcité contre intégrismes religieux.
• Le droit de vivre-Licra (dec 03). Ne pas confondre islamophobes et laïques.
• Actualité juive. (31/12/03) Chronique par Eric Keslassy
• Le Nouvel Observateur (8/1/04). Laïcité : le sursaut des antiracistes par Claude Askolovitch.
• Inter CDI (janvier 2004)
• Charlie Hebdo (7/1/04). Tariq Ramadan, c'est le Mac Do de l'islam. Propos de Caroline Fourest et Fiammetta Venner receuillis par Gérard Biard. Dessins Tignous.
• Presse Havraise (10/1/04) : Aujourd'hui au Havre, un intégrisme peut en cacher un autre par Pierre Jambu
• France-soir (14/1/04) : La radicalisation des filles est inévitable. Entretien avec Fiammetta Venner par Anne-Noémi Dorion
• L'élu d'aujourd'hui : Laïcité. Un enjeu mondial
• Têtu (janvier 04) :Trois questions à Caroline Fourest.
• Le Monde (14/1/04) : Recension par Henri Tincq
• Paris-Mantes (29/1/04) : Les anti-voiles s'organisent.
• Pote à pote (journal de SOS Racisme, février 04). Repenser la laïcité. Entretien avec Caroline Fourest.
• Ouest France (16/3/04) : Caroline Fourest a tenu une conférence samedi. La laïcité, un exemple à défendre.
• Orne Combattante (18/3/04) : Débat sur la laïcité avec Caroline Fourest.
• Toc (mars 04) : Dieu contre-attaque. Entretien avec Caroline Fourest et Fiammetta Venner par Liliane Kandel
• Le Nouvel Observateur (27/5/04) :portrait de Caroline Fourest, Fiammetta Venner. Les hussardes, par Claude Askolovitch.
• Espace de libertés (1/7/04) : L'alliance objective des intégrismes par Claude Wachtelaer
• Tel Quel (magazine marocain, 15/10/04) : Tous les intégrismes se ressemblent
Passage Télés
• i-télé, le journal de Marie Drucker (20/10/03)
• France 2 (4/12/03). Campus face à Tariq Ramadan
• LCI (10/12/03). Questions d'actu avec Laurent Bazin
• LCI (8/1/04). Journal de 12H30
• France 3. Un livre un jour
• TF1 (23/1/04). Reportage au journal de 20h sur Mohamed Latrèche
• Yéménia TV (11/2/04)
• LCI (29/8/04). Journal de 12H30
• LCI (30/8/04). Journal de 12H30
• I-télé, Impact sur Mohamed Latrèche
• France 2, Mots Croisés face à Amar Lasfar de l'UOIF (29/03/03)
Passage radios
• France-infos (3/11/03)
• France-infos (7/11/03)
• RFI (30/11/003). Caroline Fourest et F. Venner à l'émission Des vivants et les morts de Geneviève Delrue
• RTL 26/11 Les idées larges
• RCJ 17/11 puis 24 /11
• Radio Beur (10/12/03). Fiammetta Venner
• France Culture (14/12/03)
• Judaique Fm (22/12/03). Emission d'André Nahum avec Caroline Fourest
• Radio Libertaire (27/12/03)
• RFI (15/1/04)
• Radio Libertaire (21/1/04). F. Venner a l'émission Femmes libres
• France Inter (28/1/04). Caroline Fourest à l'émission de C. Evin
• Radio Orient (29/1/04). C. Fourest est invitée par Kenza Braiga (100% femmes)
• Radio Suisse romande (2/2/04).
• Fréquence Paris Pluriel "Planète Féministe" avec Fiammetta Venner
Articles sur internet
• Respublica (10/03) Une oeuvre dense, une étude approfondie et un appel argumenté à la défense des valeurs universelles portées par la laïcité
• Primo Europe (11/03)
• Une altermondialisation égalitaire, féministe et laïque est-elle possible avec Tariq Ramadan ?
• INTÉGRISMES, ISLAMOPHOBIE ET LAICITE Pourquoi l'intégrisme musulman est plus dangereux que les intégrismes juifs ou chrétiens. Entretien avec Caroline Fourest
• Islam, catholicisme, judaïsme... les trois grandes religions monothéistes semblent prises d’une fièvre intégriste dont les gays pourraient bien être les victimes. (Tasse de Thé)
mardi 26 octobre 2004
in http://prochoix.org/cgi/blog/index.php/2004/10/26/883-revue-de-presse-du-livre-tirs-croises
INTÉGRISMES, ISLAMOPHOBIE ET LAICITE
Pourquoi l'intégrisme musulman est plus dangereux que les intégrismes juifs ou chrétiens.
Entretien avec Caroline Fourest. Par Ilana Moryoussef journalistes@proche-orient.info - 4 novembre 2003
Dans un livre enquête fouillé, « Tirs croisés, la laïcité à l'épreuve des intégrismes juifs, chrétien et musulman » (Calmann-Lévy), la journaliste Caroline Fourest et la chercheuse Fiammetta Venner s'interrogent sur les raisons qui rendent l'intégrisme musulman plus dangereux que les intégrismes juif ou chrétien. Et elles montrent comment les intégristes musulmans ont récupéré le vocabulaire et les arguments de l'antiracisme pour marquer des points en Occident. Caroline Fourest sera demain soir au Cercle Foch, parmi les invités de Ivan Levaï.
Ilana Moryoussef : Beaucoup de livres ont été écrits sur l'intégrisme chrétien, d'autres sur la menace que représente l'intégrisme juif pour la démocratie en Israël, les ouvrages consacrés à l'islamisme se sont multipliés ces dernières années. On n'a encore jamais vu de livre qui aborde les trois intégrismes en même temps. D'où cette idée vous est-elle venue ?
La ligne de fracture ne se situe pas entre l'islam et l'Occident, mais entre théocrates et démocrates
Caroline Fourest : L'idée du livre est certainement née pendant la Conférence de Durban. Fiammetta Venner (co-auteur du livre et chercheuse au CNRS, ndlr) et moi-même travaillons depuis environ dix ans sur l'intégrisme chrétien. Nous avons eu un choc en voyant trois rabbins ultra-orthodoxes des Nétourei Karta (antisioniste, ndlr) qui manifestaient main dans la main avec un islamiste londonien contre l'existence d'Israël. Tout ça au beau milieu d'une conférence qui a été un véritable déferlement d'antisémitisme face auquel nos camarades antiracistes étaient pour la plupart assez peu prompts à réagir. Deux jours après notre retour, c'était le 11 septembre. Quand nous avons vu les tours du World Trade Center s'écrouler, nous avons pris conscience qu'il fallait éviter de tomber dans le piège que nous tendaient les extrêmistes de tous bords : un choc des religions ou des civilisations qui nous engluait tous dans des identités confessionnelles. Nous avons pensé que le meilleur moyen pour y résister était de s'attaquer frontalement aux trois intégrismes religieux - juif, chrétien et musulman -, d'essayer de les comparer pour repositionner le débat autour de la défense de la laïcité. En fait, il nous est apparu que la ligne de fracture ne se situe pas entre l'islam et l'Occident, mais entre théocrates et démocrates.
I. Moryoussef : Vous montrez qu'au cours des trente dernières années, les intégristes ont gagné du terrain.
C. Fourest : La fin des années 70 est un moment-clé dans l'évolution des trois intégrismes. En 1979, c'est la création de la Moral Majority et le début du ralliement du Parti républicain à l'intégrisme chrétien. 1977 marque la chute des Travaillistes en Israël à cause de la percée électorale d'un parti ultra-orthodoxe. Enfin, l'arrivée au pouvoir de Khomeiny en Iran date de 1979. À l'époque, on n'a pas tellement pris garde à cette concomitance. Aujourd'hui, je pense que le 11 septembre n'est que l'un des signaux d'alarme les plus criants d'une situation qui se dégrade depuis cette époque. Depuis la fin des années 70, les uns et les autres travaillent chacun dans leur coin, à leur niveau, à faire reculer les contre-pouvoirs et la rationalité au profit d'un monde de plus en plus fanatique, de plus en plus instable et de plus en plus violent.
I. Moryoussef : Pensez-vous que les trois intégrismes soient de même nature ?
C. Fourest : C'est la question à laquelle nous avons essayé de répondre. Nous étions à Casablanca juste après le 11 septembre pour un colloque avec des intellectuels marocains et tunisiens en lutte contre l'islamisme. Au milieu du colloque est arrivée une femme menacée de mort et obligée d'apparaître visage masqué pour ne pas se faire assassiner. Fiammetta Venner et moi-même intervenions sur l'intégrisme chrétien qui nous a valu des menaces : Fiammetta a reçu des cœurs de boeuf par la poste en raison de son travail sur les anti-avortements et nous avons failli être vitriolées par des sympathisants du Front national. Mais cela n'a pas la même ampleur que ce que subissent nos collègues en lutte contre l'islamisme. Donc, notre première question a été de nous demander pourquoi l'islamisme présente un tel danger.
L'intégrisme musulman est plus dangereux que les autres intégrisme car il rencontre moins de contre-pouvoirs dans les pays musulmans. C'est souvent l'État qui est le bourreau
La réponse, nous ne l'avons pas trouvée dans la nature de la religion. En comparant les trois textes (Ancien Testament, Nouveau Testament et Coran), en les lisant de la première à la dernière page, on ne trouve rien dans le Coran qui permette de penser que l'islam peut donner lieu à plus de violences que les deux autres religions. L'intégrisme musulman est plus dangereux que l'intégrisme chrétien ou juif, mais ce danger ne tient pas à la nature de la religion musulmane. Il tient au fait que dans les pays musulmans, l'intégrisme rencontre moins de contre-pouvoirs. Souvent, c'est l'État qui est le bourreau. Et dans les pays où l'islam est minoritaire, c'est justement sa position de minoritaire qui joue en sa faveur. Au nom de l'islamophobie, par peur d'apparaître comme raciste, on hésite à dénoncer les abus commis au nom d'Allah.
I. Moryoussef : L'islamophobie est devenu un concept très en vogue. Sa généalogie mérite d'être rappelée.
Islamic Human Rights Commission présente Taliban et islamistes palestiniens comme des victimes de l'islamophobie
C. Fourest : À l'origine, l'accusation d'islamophobie est un concept clairement intégriste. Les premiers « coupables » désignés comme « islamophobes » sont les féministes et les résistants au régime des mollahs iraniens. Dès 1979, la féministe américaine Kate Millet est accusée d'impérialisme et de racisme à l'encontre de l'islam pour avoir incité les femmes iraniennes à refuser de porter le voile (elle avait pourtant soutenu l'opposition au régime du Shah). Le terme a ensuite été réactivé au moment de l'affaire Rushdie par les islamistes londoniens. Ces derniers ont compris le caractère contre-productif de la campagne qu'ils avaient menée en lançant des accusations de blasphème. Ils ont réalisé qu'une guerre menée au nom du racisme anti-musulman serait mille fois plus efficace. Sous prétexte de combattre le racisme, on s'en prend à tout discours irrévérencieux envers la religion, même quand il s'agit de dénoncer les abus commis en son nom. Figurez-vous que l'association radicale Islamic Human Rights Commission (qui essaie de se faire passer pour la branche arabophone d'Amnesty international) présente les Taliban et les islamistes palestiniens comme des victimes de l'islamophobie ! Le terme a été repris par la gauche antiraciste anglaise, qui craignait une flambée de racisme anti-arabe après la première guerre du Golfe. Le mot a ensuite traversé la Manche grâce à Tariq Ramadan dont la double casquette de fondamentaliste et de militant tiers-mondiste lui permet d'être très entendu à l'extrême-gauche. Le terme a été utilisé par « Le Monde Diplomatique », puis par « Le Monde ». Il a permis de justifier qu'au nom de la lutte contre le racisme anti-musulmans, on ne résiste plus du tout à l'intégrisme musulman. On laisse même parler certains de ses porte-paroles comme Hani Ramadan, le frère de Tariq, qui a pu justifier la lapidation des femmes accusées d'adultère ou expliquer que le sida était un châtiment divin dans les pages Débats du journal Le Monde (édition du 10 septembre 2002, ndlr).
I. Moryoussef : Comment se fait-il que les intégristes musulmans aient désormais droit de cité dans les médias français ? On ne peut plus allumer la télé sans tomber sur un représentant de l'UOIF. La création par Nicolas Sarkozy du Conseil français du Culte musulman, dominé par les intégristes, y est-elle pour quelque chose ?
C. Fourest : Sarkozy a légitimé l'UOIF et lui a ouvert les micros. Il a fait ce que François Mitterrand avait fait en 1981 avec le Front national. Il a donné un signal aux journalistes disant : « Maintenant, vous pouvez considérer cette association comme représentative des musulmans de France ». Ce n'était pas le cas avant le CFCM. En forçant des musulmans libéraux à cohabiter dans un organe totalement artificiel avec de vrais islamistes - comme s'ils pouvaient s'entendre, comme si cette alliance représentait non seulement les musulmans de France mais, par une extension assez bizarre, tous les immigrés d'origine arabe - il a contribué à confessionnaliser une question qu'on aurait dû aborder par le biais de la discrimination économique et sociale. Le ministre de l'Intérieur n'était pas obligé d'aller au Congrès de l'UOIF au Bourget avec des caméras. Il n'était pas obligé de faire du CFCM une instance élue, ce qui en fait un organe représentatif, et par conséquent politique. Au début on nous a dit : « Vous verrez, le CFCM s'occupera exclusivement d'organiser le culte ». Or qu'a-t-on vu ? À la première occasion, en l'occurrence sur le voile, les journalistes se sont naturellement tournés vers le CFCM. Et qui se retrouve interviewé non plus au nom de l'UOIF mais au nom du CFCM ? Des intégristes ! Et personne ne rappelle que bien qu'intégrée dans une institution qui donne le sentiment d'avoir été créée par l'État français, cette organisation approuve les attentats-suicides. La dernière fatwa du Conseil européen de la Fatwa (la branche européenne de l'UOIF, présidée par Youssef Qaradhawi, l'interprète le plus radicalement intolérant du Coran , référence des Frères Musulmans vivant en Occident) a très clairement dit que les attentats-suicides étaient des opérations martyres et qu'aucun civil israélien ne pouvait être considéré comme innocent (session de juillet 2003 à Stockholm). Et pourtant, dans ce débat, tout le monde semble anesthésié !
© proche-orient.info.
mardi 4 novembre 2003
in http://prochoix.org/cgi/blog/index.php/2003/11/04/1046-integrismes-islamophobie-et-laicite
- L'islam est-il plus sexiste que le judaïsme ou le christianisme ?
- Loin des fantasmes, quels sont les facteurs géopolitiques pouvant expliquer en quoi l'Islamisme présente une menace autrement plus globale
malgré les ressemblances existant entre les trois intégrismes ?
- Le voile est-il une prescription religieuse ou une obligation intégriste ?
- Quel rôle joue l'"accusation d'islamophobie" dans le débat public ?
Comment ce concept, pensé par des intégristes contre des féministes, a-t-il atteri à gauche — quitte à censurer toute critique laïque de l'Islam ?
- Qui est TARIQ RAMADAN ? Pourquoi séduit-il autant ?
- Que veut l'UOIF et son Conseil européen de la Fatwa, présenté comme modéré mais qui approuve les attentats kamikazes !?
- Les islamistes ont-ils le monopole de la violence et des attentats- suicides ? Quels sont leurs atouts et pourquoi bénéficient-ils d'alliés à l'extrême droite comme à l'extrême gauche ?
- Les intégristes des trois religions sont-ils en guerre ou convergent-ils vers un monde toujours plus fanatique ?
- La laïcité est-elle réellement en danger ? Comment résister ?
Calmann-Lévy, 426 pages), disponible dans toutes les bonnes librairies à
partir du 21 octobre ou sur amazon.
in http://www.prochoix.org/frameset/news_2003/tirscroises_2003.html