Pour Brice Hortefeux, en matière d'expulsion les préfets n'en font pas assez!
Mercredi 12 sept, Brice Hortefeux a convoqué 19 préfets pour une « réunion de travail et de mobilisation ». Leur point commun, ils sont tous aux yeux du ministre coupable de ne pas expulser assez.
Pour Brice Hortefeux, les objectifs de 25 000 expulsions annuelles fixés par Nicolas Sarkozy ne seront pas atteints si le chiffre actuel de 11 000 expulsés ne s'étoffe pas dans les prochains mois.
Le ministre se moque des moyens que les préfets devront déployer, des situations de détresse qu'ils devront affronter: seul compte le résultat. Il l'a répété et martelé: 95% des expulsables ne présentent aucune difficulté lors de leur arrestation et de leur reconduite à la frontière. Alors pourquoi donc ces 19 préfets se montrent-ils si peu coopératifs?
Certains d'entre eux ont ont prétexté un manque d'effectif policier, de places en centre de rétention, qui rendent inapplicables nombre d'expulsions de ressortissants étrangers. Mais pour le ministre de l'Immigration et de l'Identité Nationale, ces difficultés ne sauraient justifier entièrement les mauvais chiffres. La vérité est ailleurs, et il s'est fait fort de rappeler à leurs obligations, les préfets qui montreraient un peu trop de sensibilité et d'humanité sur la question des expulsions.
La réaction des associations comme RESF qui défend la cause des sans-papiers ne s'est pas faite attendre: Faisant fi de la discrétion du ministère de l'Intérieur, qui avait refusé de communiquer à la presse, les préfets des départements concernés par la réunion, les responsables ont révélé publiquement ces informations. Les préfets qui refuseraient de seraient issus des départements suivants: Ardennes, Corse du Sud, Hérault, Haute Garonne, Gironde, Ille-et-Vilaine, Finistère, Puy-de-Dôme (fief de Brice Hortefeux), Manche, Paris, Val-de-Marne, Seine-St-Denis, Hauts-de-Seine, Aisne, Isère, Gard, Seine-Maritime, Loire et Loire Atlantique.
Richard Moyon, porte-parole de RESF, a estimé mercredi auprès de l'AFP que "la fixation de quotas et la convocation des préfets, c'est une façon de faire du stakanovisme avec des êtres humains. C'est inadmissible", a-t-il ajouté, saluant "les conceptions humanistes de certains préfets qui renâclent à faire cette sale besogne".
SOS Racisme a également manifesté son "inquiétude" et réprouvé "la politique du chiffre" exigée par Brice Hortefeux.
Dans la police aussi, certains syndicats comme l'Unsa ou FO-police, parlent de "pression forte" exercée sur les fonctionnaires en charge de l'immigration "dans le seul but de faire du chiffre".