Iran : quatre militantes féministes condamnées à la prison
Quatre féministes actives dans la campagne « un million de signatures pour changer les lois discriminatoires envers les femmes » lancée en août 2006 pour réclamer l'égalité des droits pour les deux sexes en Iran, ont été condamnées ce 03 septembre à six mois de prison ferme par le tribunal de Téhéran. Conformément aux préceptes de la jurisprudence islamique instaurée par la Constitution iranienne depuis octobre 1979, Parvin Ardalan, Maryam Hosseinkhah, Jelveh Javaheri et Nahid Keshavarz ont été accusées d'atteintes à la sécurité nationale par la diffusion de propagande contre l'Etat. On précisera qu'il s'agit d'une accusation régulièrement retenue par les autorités iraniennes pour stopper toute opposition politique au régime des mollahs.
Et c'est dans ce contexte de répression accrue contre les militants des droits humains et les défenseurs de la démocratie en Iran que les quatre féministes ont été arrêtées par des Gardiens de la révolution islamique. Leurs délits : avoir mis en ligne de la "littérature féminine totalement incompatible avec la morale islamique" sur des sites internet locaux qui publient aussi différents auteurs dissidents censurés par le régime du président Ahmadinejad. Par ailleurs, l'une des quatre féministes a été accusée d'avoir empoché "soixante quinze mille dollars" pour avoir notamment diffusé de la "propagande anti-iranienne à l'étranger" et des articles susceptibles de "porter atteinte à la sécurité" du régime des mollahs...
Nahid Keshavarz est aussi membre du centre culturel des femmes en Iran et avait été arrêtée le 4 mars 2007 avec 23 autres femmes. Elle avait été libérée sous caution après 48 heures passées en prison. S'agissant des "un million de signatures", "notre souhait principal dans cette campagne est de vulgariser les discours égalitaires concernant les rapports hommes/femmes. Cette campagne avec sa méthode de « face à face » passe par le dialogue avec les femmes et les hommes de la rue, dans les taxis, le métro, l’autobus, pour attirer l'attention des gens sur ces discriminations et inégalités. Les militant(e)s de cette campagne, quand elles/ils sont sur le terrain pour collecter des signatures, distribuent des plaquettes d’information pour favoriser la prise de conscience. Ces petits livrets sont même distribués aux personnes qui ne signent pas le document. L'objectif de cette campagne est de faire prendre conscience aux femmes de leurs droits. Certain(e)s signataires sont devenu(e)s de membres actifs de ce mouvement. Nous espérons donc que cette campagne suivra son chemin, pourra transformer les femmes et les hommes en militant(e)s des droits des femmes" indique N. Keshavarz en mai 2007 dans une interview au journal allemand Junge Welt (*)
Parvin Ardalan a déjà été condamnée trois fois pour ses activités à une peine de deux ans et demie de prison avec sursis plus six mois de prison ferme, ainsi qu'à une peine de deux ans avec sursis pour des motifs identiques. Lauréate du prix Olof Palme en 2007 pour son action en faveur des droits des femmes, le gouvernement d'Ahmadinejad lui interdit de quitter l'Iran pour se recevoir cette distinction à Stockholm en mars 2008.
Quand à Maryam Hosseinkhah et Jelveh Javaheri, elles ont été arrêtées fin 2007 pour avoir diffusé de soit-disantes contrevérités dans des articles publiés sur des sites féministes et libérées en janvier 2008 après avoir versé chacune une caution de l'équivalent de 5.300 dollars.
Jusqu'où le régime terroriste iranien poussera-t-il le bouchon - ou la corde - pour étouffer les mouvements féministes, syndicaux, estudiantins et des droits fondamentaux ? Pour ce second anniversaire de la Campagne pour l'égalité, Amnesty International demande une fois de plus au gouvernement iranien de stopper le harcèlement et l'emprisonnement de tous défenseurs des droits humains, et de procéder à la libération de tous les détenus incarcérés pour délit d'opinion.
Nathalie Szuchendler
(*) http://iranfeministe.online.fr/index.php?2007/05/23/10-parole-dune-militante-de-la-ca...
samedi 06 septembre 2008
Article Nath Szuchendler consultable in