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egalibre, blog de Nathalie Szuchendler
3 octobre 2007

Grèce : l’extrême droite entre au Parlement

Scandales à répétition. Corruption. Bavures policières. Lenteurs dans la gestion des incendies de l’été dernier. Tout semblait sourire à l’opposition socialiste (Pasok) de Georges Papandréou qui pensait reprendre le pouvoir aux législatives.

Les Grecs ont préféré la continuité avec un détail supplémentaire : l’arrivée au parlement pour la première fois depuis la fin de la dictature du Laos (Alarme populaire orthodoxe) du parti d'extrême droite de Georges Karatzaféris.

Depuis la fin de la dictature des colonels (1974) aucun parti d’extrême droite n’était parvenu à être représenté au parlement. L’Eglise a longtemps joué un rôle identitaire pour les Grecs, protégeant leur “spécificité” contre les autres, les non-orthodoxes. Mais avec le début des négociations sur l’entrée de la Turquie, les électeurs ont demandé à leurs religieux de faire le boulot des politiciens. C’est sous le slogan de “non à l’occupation turque”, ou “les serpents et les Turcs ne changent pas” que les troupes du Laos recrutent.

Karatzaféris a mené sa campagne avec une affiche le montrant avec des gants de boxe contre l’ “establishment”.

Son crédo, le retour aux valeurs orthodoxes traditionnelles, la lutte contre la corruption. Pour lui les flux migratoires menacent "l'homogénéité ethnique" de la Grèce, et favorise une "criminalité au zénith". Homme de média, Karatzaféris possède une télévision et un journal. En 2000, il est exclut du parti de la droite classique (Nouvelle-Démocratie) pour dérapages verbaux. Il crée alors son parti (Laos acronyme de Peuple) et devient député européen. Après le 11 septembre, il n’hésite pas à exiger une enquête sur le rôle du Mossad et propage dans sa presse la rumeur selon laquelle les juifs ne sont pas allés au travail le 11 septembre.

Quand la Grèce brûle, on sonne les popes

Le Laos a aussi axé sa campagne contre une avocate Pomaque sous prétexte qu’elle était de religion musulmane. Accusée d’être un agent de la Turquie, elle a dû supporter les foudres de l'évêque orthodoxe de Salonique (nord) Mgr Anthimos qui a expliqué : "nous ne pouvons être unis avec ceux qui ne partagent pas la religion orthodoxe". La culture pâtit de cette montée de l’extrême droite. Déjà, en 2003, alors que Karatzaféris se rend à "Outlook", une exposition d'art contemporain la plus importante jamais organisée en Grèce il se rend compte qu’une des oeuvres montre un crucifix posé contre un mur et, à gauche, un pénis en érection. Pire "la verge en question, ce machin, était circoncise", donc non-orthodoxe. Le ministre de la culture fait retirer l’œuvre. Depuis, les galeries hésitent à “provoquer”. Craignant le score de l’extrême droite, la droite classique de Caramanlis a durcit son discours pour attirer à elle les électeurs d’extrême droite. Avec le résultat de dimanche soir, Karatzaféris a réussit à déculpabiliser les grecs d’extrême droite et assure à son parti une autonomie politique.

Fiammetta Venner

In Charlie-Hebdo du 19 septembre 2007

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